Le sens d’une absence
Le 28 octobre prochain est convoqué un « grand rassemblement pour attirer l’attention sur les femmes violentées victimes de l’indifférence (…) ». Nous nous félicitons de ce type d’initiative qui va sans doute avoir un certain retentissement médiatique puisque mêlant des personnalités du spectacle et des personnalités politiques. Et pourtant le Collectif national pour les Droits des Femmes ne sera pas présent.
Ne nous y trompons pas : ce combat contre les violences faites aux femmes, toutes les violences et pas uniquement au sein du couple, est le nôtre comme il est celui des associations de terrain, partie prenante du mouvement féministe, qui se battent pied à pied depuis trois décennies maintenant pour écouter, accueillir, héberger, soutenir les femmes victimes.
Mais l’appel au rassemblement du 28 octobre pose quelques questions : il met en avant l’exemplarité de la peine pour retenir le bras des agresseurs. Comme beaucoup de recherches le prouvent, cette théorie a fait long feu. Nous souhaitons, pour notre part, que soit enfin revu le quantum des peines en France qui prévoit des peines plus lourdes pour les atteintes à la propriété que pour les atteintes à la personne.
Tout en déplorant « l’écart lors des débats parlementaires » de la prévention et de la formation des personnels, l’appel demande de « renforcer l’efficacité de la législation et des dispositions judiciaires ». Il est évident que les lois existantes doivent être appliquées : une petite minorité de femmes portent plainte et leurs plaintes entraînent de nombreux non-lieux et classements sans suite, ce qui signifie que de nombreuses violences perpétrées contre les femmes restent impunies. Il est essentiel de marquer l’interdit et de reconnaître ce que les femmes ont subi.
Mais la « législation et les dispositions judiciaires » existantes ne concernent que la répression. Cette politique uniquement répressive, depuis plus de trente ans qu’elle est menée, a fait preuve de ses insuffisances. L’Etat, puisque c’est de lui que doit venir la volonté politique, et non uniquement des acteurs locaux qui se démènent et sont censés se plonger dans des « Guides de bonnes pratiques » très à la mode actuellement, doit mettre en œuvre des politiques systématiques de prévention, sensibilisation, information du public. Il doit impulser le développement, en donnant de véritables moyens qui pour l’instant sont sans cesse à la baisse, des structures d’accueil, d’accompagnement, d’hébergement, de soutien des femmes. Il doit modifier en profondeur l’institution judiciaire pour que les femmes osent porter plainte et que les décisions civiles ne contredisent pas les décisions pénales. Bref, il doit mettre en œuvre, enfin, une politique globale de lutte contre les violences. C’est le sens de la proposition de loi cadre du Collectif national pour les Droits des Femmes dont l’appel au 28 octobre ne dit mot.
Enfin, le combat contre les violences s’intègre dans le combat féministe plus général qui lutte contre l’oppression et l’exploitation des femmes dans tous les domaines. Les violences en sont « l’expression extrême ».
Avec d’autres forces féministes, le CNDF sera dans la rue à l’occasion du 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.