Collectif national pour les droits des femmes

Femmes sans frontières

Déclaration de la Solidarite Fanm Ayisyèn – SOFA - à l’occasion du 3ième anniversaire du tremblement de terre du 12 janvier 2010

samedi 12 janvier 2013

12 janvier 2013, trois ans depuis que, plus de trois cent mille personnes ont été ensevelies sous des tas de ruines, des milliers d’handicapé-e-s, des pertes économiques et sociales incalculables ont été enregistrées...

Trois ans de grande souffrance pour tous ceux et toutes celles qui ont vu disparaitre un ou une proche de manière foudroyante.

Trois ans depuis que le mouvement féministe pleure des camarades de lutte, des collaboratrices comme : Mirlande Dorvilus, Bernadine Bourdeau ; des camarades de longue date : Anne-Marie Coriolan, Magalie Marcelin, Myriam Merlet...

Trois éminentes féministes haïtiennes qui ont passé leur vie à déconstruire l’ordre patriarcal établi pour construire une Haïti affranchie de toutes sortes de discriminations à l’égard des femmes ; une Haïti respectueuse des principes et des valeurs de solidarité, de dignité, d’égalité, d’équité et de sororité.

Trois ans plus tard, quel est le bilan ?

Alors que plusieurs centaines de milliers de personnes croupissent encore sous les tentes de l’indignité humaine et de la honte, à coté du gaspillage de fonds inconsidéré des ONGS internationales, nos dirigeants plongent dans l’extravagance et y nagent avec délectation. Ils multiplient des voyages, se font accompagner par une cohorte de conseillers/conseillères, se payent des voitures luxueuses et blindées, circulent dans de longs cortèges, mettent en place des programmes relevant de l’assistanat primaire. Ils s’enrichissent !

La reconstruction n’est pas au rendez-vous !

Le gouvernement laisse aux citoyens et citoyennes la liberté de reconstruire selon leurs propres normes, donc selon les limites de leurs ressources. Résultat : L’anarchie qui a caractérisé la construction en Haïti est encore plus marquée qu’avant le 12 janvier 2010.

Les ministères et \ ou autres institutions autonomes de l’ État n’ont pas de domicile fixe. De ce fait, les archives de la République et les dossiers des administrées se baladent d’un endroit à l’autre. Les services fournis par l’ État dans ces conditions laissent encore plus à désirer et les citoyennes et citoyens perdent totalement leurs repères dans la quête de services publics.

Les quelques dizaines de logements inaugurés par le Président ne respectent pas les principes de la dignité humaine et ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins. Il est grand temps que le gouvernement inscrive la problématique du logement dans l’ordre de ses priorités.

Nous dénonçons l’éviction forcée de populations logées sous les tentes et réclamons qu’elles soient relogées dans des conditions décentes.

Pour que jamais plus la terre d’Haïti ne soit plus meurtrie par la disparition injuste des ses filles et fils, nous demandons la mise en œuvre d’un véritable plan de reconstruction selon les normes sécuritaires notamment, la reconstruction de logements décents et de bâtiments administratifs devant favoriser une meilleure desserte des services aux populations et garantir la sécurisation des archivages et des dossiers de la République.

Nous exigeons du gouvernement l’élaboration et la mise en œuvre de tous les instruments de planification territoriale et spatiale susceptible de faire d’Haïti un pays où il fait bon vivre.

Par devoir de mémoire, nous réitérons notre demande d’ériger un mémorial national témoin du tremblement de terre du 12 janvier 2010 et en hommage à tous nos frères et à toutes nos sœurs disparu-e-s.

Nous ne sombrons pas dans les larmes ; debout sur les traces de nos Ancêtres, avec la force de nos Héroïnes, en mémoire de nos Sœurs et de ces trois cent mille Disparu-e-s, nous avons le devoir de poursuivre la quête pour l’établissement d’une Haïti indépendante et souveraine, solidaire et socialement juste où les droits des femmes sont respectés.

Port-au-Prince, 11 janvier 2013

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