Pourquoi ? Des voix s’élèvent pour dire que l’élargissement s’est opéré trop rapidement, qu’on parle mal de l’Europe alors qu’elle a apporté une somme de bienfaits, ou qu’on n’en parle que 3 semaines tous les 6 ans en France, au moment des élections.
D’autres, ou les mêmes, disent que les élections européennes sont le grand défouloir parce que les gens n’en comprendraient pas les enjeux. Cela reviendrait à dire qu’il ne faut pas s’alarmer outre mesure.
Et pourtant le FN poursuit son ascension, d’élection en élection.
Il est une chose entendue : les gens ne veulent plus de cette Europe là. Ils n’en peuvent plus de l’austérité et du chômage. De ces politiques néo-libérales, imposées par l’Union Européenne pour rembourser une dette illégitime. De cette Europe antidémocratique dont ils ont rejeté le Traité Constitutionnel en 2005 et qu’ont leur a imposé par le Traité de Lisbonne en 2007.
Mais le Front National, lui, a visiblement su trouver les mots pour capitaliser ce mécontentement. Pas le PS au pouvoir avec sa politique austéritaire,mais pas plus la gauche de la gauche. Le rejet de l’immigration et la sortie de l’euro présentées comme des remèdes à tous les maux, ça marche.
Ces gens veulent « essayer » le FN. Pourquoi ? La droite et le PS ils les ont vus et ils les voient, à l’œuvre ! Alors le FN, pourquoi pas ?
La gauche de la gauche n’apparaît pas crédible, elle est visiblement mise dans le même sac que la gauche, alors qu’elle n’a jamais été au pouvoir. Elle apparaît sans projet.
56,5% de la population s’est abstenue, chiffre énorme. Elles/ils montrent ce faisant le discrédit dans lequel elles/ils tiennent les partis politiques. La désespérance est grande.
Et les droits des femmes dans l’Union Européenne ?
Celle- ci a dès le début adopté comme principe fondamental l’égalité entre les femmes et les hommes. De nombreuses directives, normalement contraignantes, ont été adoptées, notamment sur l’égalité au travail, sur les discriminations femmes/hommes. En fait, elles ne sont pas appliquées ( comme ailleurs, nous avons l’habitude).
L’avortement et les violences relèvent de compétences nationales même si l’UE souhaiterait élaborer une directive sur les violences faites aux femmes.
Ne nous y trompons pas : les situations sont connues. Les rapports Estrela sur les « droits reproductifs » et Zuber sur les inégalités femmes/hommes, pour ne citer que les deux derniers, sont très complets et très documentés. Mais rien de cela n’est de sa compétence !
Dans l’UE, ce qui est économique est obligatoire, le reste est facultatif !
Ce qui pourrait expliquer pourquoi on n’a pas guère entendu parler des droits des femmes durant la campagne. Même en présence d’une liste féministe autonome.Mais a-t-on l’habitude d’en entendre beaucoup parler dans d’autres élections ?
La menace de la suppression de l’avortement en Espagne avait suscité un peu partout en Europe des mobilisations, d’importance variable il est vrai, puis le soufflet est retombé. Le rejet des rapports Estrela et Zuber au Parlement européen avaient aussi provoqué des réactions indignées. Là aussi le temps a passé.
Pourtant, avec la dénonciation de l’austérité, il y avait matière à expliquer que les femmes en étaient les premières victimes. Mais en période de crise, les organisations politiques mettent surtout en avant le rapport capital/travail et « oublient » de préciser qu’il est sexué. Les rapports de domination sont considérés comme secondaires, alors qu’ils structurent le genre humain. Mais cela n’a pas bonne presse en temps d’élection.
Ce type de comportement est inquiétant quant à l’avancée des droits des femmes après plus de quarante ans de Mouvement de libération des femmes dans un bon nombre de pays de l’UE et la création de ce même type de Mouvements, un peu plus récents, dans les autres.
Comment avancer, grande question ?