La PMA ouvrira la possibilité, en France, à toutes les femmes qui le souhaitent, de mettre au monde un enfant ; ce sont elles qui porteront leur futur enfant ; elles décideront pour elles-mêmes et engageront leur corps, leur santé.
Dans la GPA ou maternité de substitution, une femme vit une grossesse et accouche d’un enfant qui est remis aux parents dit d’intention, commanditaires de la grossesse. La GPA, interdite en France, autorisée ou tolérée dans certains pays, conduit à instrumentaliser le corps des femmes ; elle ouvre à un grand marché commercial avec de nombreux intermédiaires (médecins, cliniques, avocats, lobbies…) et nécessite un contrat entre les parties où la femme porteuse se soumet pendant plus de 9 mois à la fabrication d’un enfant contre rémunération ou compensation financière. Comme dans la prostitution, on achète le corps des femmes ; de surcroît, dans la GPA, on vend et on achète un enfant.
Qui achète et qui vend ? Que fait-on subir à ces femmes ?
Il faut comprendre les enjeux de la GPA qui incluent des rapports de domination Nord/Sud, riches/pauvres, hommes/femmes, des questions de santé pour la femme porteuse - injections hormonales, risques d’une grossesse et d’un accouchement, effets secondaires de toutes ces manipulations…-, des contrats commerciaux internationaux avec prise de contrôle sur les législations. Il n’est pas admissible d’accepter et d’organiser la marchandisation du corps des femmes.
La compassion pour les personnes en désir d’enfant et pour les femmes en difficultés socio-économiques, ne doit pas occulter le fait que la maternité de substitution, comme la prostitution, ne peut être considérée comme un travail. On ne peut pas accepter cette situation au prétexte que la GPA est une source de revenus pour les femmes.
Il faut comprendre le poids de la prostitution et aujourd’hui de la GPA dans les rapports de domination des hommes sur les femmes, dans l’exploitation des femmes.
Quant à la GPA encadrée dite éthique, familiale, altruiste, il s’agit d’une grande mystification de certains et certaines intellectuelles qui s’appuient sur la notion de « don féminin » et renvoient les femmes à leur « nature féminine » : soumission, engendrement, don. Quelques « exemples heureux » en lien avec les nouvelles parentalités nous sont présentés régulièrement par les média. Ces exceptions veulent masquer la réalité des GPA mercantiles. Reconnaître la GPA dite éthique revient à reconnaître le principe de la GPA donc à cautionner la GPA mercantile.
Il n’y a pas de GPA dite éthique, comme il n’y a pas de prostitution dite éthique, le corps humain doit rester inaliénable. C’est une question de dignité.
La loi est là pour défendre les plus vulnérables et l’intérêt général, non pour défendre les intérêts privés d’un petit groupe de personnes.
Ce sont des questions politiques et des questions d’humanisme : dans quelle société souhaitons nous vivre ?
Et nous devons rappeler que les nouvelles technologies ne doivent pas contrevenir aux droits humains fondamentaux.
Il est donc essentiel de distinguer PMA et GPA et nous rejoignons la proposition du CCNE pour « l’élaboration d’une convention internationale pour l’interdiction de la GPA ainsi que l’engagement de négociations internationales et multilatérales dans ce cadre ».
Coordination des Associations pour le Droit à l’Avortement et la Contraception, Collectif National pour les Droits des Femmes.
Paris le 27 septembre 2018