Collectif national pour les droits des femmes

Familles ou pas ?

Une attaque scandaleuse contre les femmes les plus précarisées

L’amputation de l’Allocation Parent Isolé

mercredi 4 février 2004

Appliquée depuis le 1er janvier 2004, pour une naissance survenue à partir de cette date, la Prestation d’Accueil du Jeune Enfant (PAJE) est certes une bonne surprise pour les 200 000 foyers aisés (plafond de revenus relevé à 4575 € / mois) qui fêteront désormais une naissance. L’ennui, c’est qu’elle va se payer par des restrictions scandaleuses concernant l’Allocation Parent Isolé (API) !

L’Allocation Parent Isolé qui est versée, à 99%, à des mères seules, en situation de grande précarité, complète leurs ressources pour garantir un revenu mensuel de 806 € pour une famille monoparentale avec un enfant (jusqu’aux 3 ans de l’enfant). Mais elle pouvait jusqu’ici être cumulée, grâce à une dérogation spéciale, avec l’Allocation Pour Jeune Enfant (APJE) attribuée à des familles modestes : 1300 €, en plusieurs mensualités durant les mois qui entourent la naissance. Avec la mise en application du PAJE, cette dérogation est supprimée, comme nous le révèle l’excellent article de Blandine Grosjean (Libération, 2 févr. 04). Désormais, les 40 000 familles monoparentales – des mères isolées en situation précaire - vont toucher une API rognée du montant du PAJE (1300 € en quelques mois, exactement ce que leur accordait l’ancienne APJE*)… alors que 200 000 ménages plus aisés pourront toucher cette manne !

Un scandale qui, sans cet article, serait passé inaperçu… Le gouvernement espérait sans doute faire passer ce mauvais coup en catimini, comptant que les nouvelles mères isolées touchées par cette mesure inique n’y verraient que du feu, et qu’elles sont bien peu à même de mener la bataille.

Le Collectif National pour les Droits des Femmes, qui a toujours combattu aussi bien pour la justice sociale et pour une redistribution des richesses que pour les droits des femmes et la progression du féminisme, proteste avec véhémence contre cette mesure qui frappe les femmes les plus démunies. Il est urgent que le gouvernement Raffarin fasse marche arrière dans cette casse organisée de la protection sociale, qui frappe particulièrement les femmes de milieu modeste. Nous appelons associations, syndicats et partis progressistes à réagir auprès du Premier Ministre et du Ministre de la famille.

Le 8 mars 2004 sera, plus que jamais, pour les féministes et, à leurs côtés, pour celles et ceux qui sont épris de justice, un 8 mars combatif où nous dénoncerons le marasme social et les mesures iniques de ce gouvernement qui aggravent la situation des femmes.

Nous appelons à une grande manifestation unitaire pour les droits des femmes
le samedi 6 mars !

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