Collectif national pour les droits des femmes

Familles ou pas ?

Communiqué

Le nouveau leurre de la Conférence de la famille

jeudi 22 septembre 2005

Pour payer la nouvelle mesure annoncée lors de la Conférence de la Famille, l’augmentation de l’allocation « congé parental » durant un an, Dominique de Villepin a fait une trouvaille : les Françaises rêvent d’avoir un troisième enfant ! Le sondage réalisé pour « Parents Magazine » - juste à temps pour la Conférence de la Famille – ne doit tromper personne. Les femmes ont les pieds sur terre, même si elles peuvent rêver, des rêves marqués par l’idéologie « familialiste » qui a de nouveau le vent en poupe.

Elles savent :
d’un, que les aides majorées pour leur arrêt de travail ne durent qu’un an, ce qui ne règle pas les problèmes (en particulier, l’accueil de l’enfant au terme de ce congé, et leur propre réintégration dans leur emploi),
de deux, que les enfants, çà coûte cher, et pas seulement pendant quelques années. Plus ils grandissent plus les coûts sont élevés, alors que les aides s’effacent, puis disparaissent bien avant que les jeunes ne trouvent un emploi,
et de trois, la conjoncture et les perspectives du monde à venir ne sont pas enthousiasmantes pour les jeunes générations. Peut-être aussi une crainte, non dite, à peine pensée, retient les femmes de réaliser ce « rêve » : celle de rester seule un jour avec les enfants à charge, comme tant de familles monoparentales (presque toujours des femmes). Alors ?

Le gouvernement fait foin de tout cela ; il agite la carotte. Il s’agit moins, en réalité, de « venir en aide » aux familles nombreuses, que d’inciter les femmes à avoir ce troisième enfant. La natalité française se porte pourtant bien (1,9 enfant par femme), bien mieux que dans le reste de l’Europe, à l’exception de l’Irlande. Les enfants en bas âge ont de nos jours toute chance de vivre, donc les générations se renouvellent plutôt bien, à un dixième près*

Ceci ne suffit pas. Car, derrière le souci que le gouvernement manifeste au sujet de la natalité, se cache un désir évident : diminuer le nombre de femmes qui occupent un emploi, disposer d’une « armée de réserve », un volant de main d’œuvre qu’on retire ou qu’on appelle sur le marché de l’emploi suivant la conjoncture (sans alourdir les chiffres du chômage !). Cette volonté s’inscrit en droite ligne dans l’attaque généralisée contre l’emploi stable et dans la marche forcée à la précarisation, qui touche particulièrement les femmes.

Sans doute, certains couples se laisseront-ils cependant tenter par une allocation de 750 euros ? Des femmes vont quitter leur emploi, en ayant moins que jamais de filet de sécurité pour « l’après ». La manne répandue va enfoncer encore davantage le déficit de la Sécu, sans compter le manque à gagner que représente la suppression des cotisations correspondant à ces emplois. Ce sera encore l’occasion de restrictions sur la santé. Beau résultat ! Seule compensation pour le budget de l’État : il va pouvoir rogner sur l’accueil collectif de la petite enfance. Et bientôt les parents auront, encore moins, le prétendu « libre choix » quant à la garde de leur enfant. Déjà, le terme de « libre choix » ou de « choix d’activité » s’applique désormais à l’allocation congé parental, « maman choisit de rester à la maison », et non au choix entre plusieurs solutions.

Il fut un temps où la Conférence de la Famille donnait lieu à des réunions de concertation. Aujourd’hui le gouvernement décide seul de ses obscures manœuvres. Utilisant un sondage qui ne signifie rien que du rêve. Évitant toute confrontation avec les associations.

Le Collectif National pour les Droits des Femmes rappelle que la priorité, pour les couples désirant avoir un ou des enfants, c’est l’accueil de la petite enfance, assurée par une véritable service public, l’assurance d’un emploi pour les deux parents, et des revenus suffisants.

* Il semble d’ailleurs que ces statistiques soient inexactes du fait que de nombreuses femmes ont un enfant sur le tard et que ce ne soit pas bien pris en compte.

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