Collectif national pour les droits des femmes

Familles ou pas ?

Nommer un enfant

vendredi 2 février 2001

Le Collectif national pour les droits des femmes se félicite que soit enfin posée à l’Assemble Nationale, le 8 février, la question du patronyme.
Actuellement, le nom de l’enfant légitime est celui du mari. Certes, la loi du 23 décembre 1985 a permis l’utilisation, à titre de nom d’usage, du nom de l’autre parent ou d’un double nom, mais le nom porté à l’état civil reste celui du père.

La proposition de loi qui doit être examinée permettrait que les parents choisissent pour leurs enfants le nom de la mère ou celui du père, ou les deux noms accolés. Il prend heureusement le contre-pied d’une préconisation contestable du Rapport Dekeuwer-Defossez " Rénover le droit de la famille " qui recommandait de " conserver le nom comme marqueur de la paternité ".

Les féministes ont toujours dénoncé la transmission aux enfants du seul nom du père, y voyant la marque d’une appropriation. La psychanalyse lacanienne a accentué cette emprise du Nom du père, lui conférant une dimension symbolique universelle.

C’est justement parce que le niveau symbolique est important, qu’il convient de le questionner. L’égalité que les femmes conquièrent, difficilement, dans la vie sociale et dans la sphère privée a quelque peu changé les perspectives. Hommes et femmes concourent à la socialisation de l’enfant. Il n’y a pas d’un côté la mère chargée de la protection et des soins matériels et affectifs, de l’autre l’homme " coupeur du cordon ombilical " et garant de la Loi. D’un côté, la transmission charnelle, de l’autre le Nom qui serait la marque de la civilisation. Triste dichotomie de la société patriarcale.

Il est indispensable de faire bouger cette vision rigide. Il ne doit pas s’agir, sauf peut-être exception, de " choix " entre la lignée du père et celle de la mère, choix sujet à tractations, revirements, etc. La solution la meilleure est la transmission du double nom comme la pratiquent les Espagnols. Les deux lignages sont aux origines de l’enfant.
Mais celui-ci est un être neuf : il revient aux parents de le reconnaître en lui conférant son prénom.

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