Un rassemblement de femmes est prévu lundi prochain 1er Octobre 2007, à
18h30, Place de l’Opéra (Paris 1er). En signe de paix, merci de venir avec
foulards, mouchoirs ou châles BLANCS.
Ce rassemblement a été autorisé par la Préfecture de Police de Paris.
Appel des femmes contre l’extradition de Marina Petrella
Il y a trente ans, en Italie, Marina Petrella fut de ces dizaines de milliers de jeunes militants dont la révolte s’était radicalisée jusqu’à la lutte armée. Poursuivie à l’époque et condamnée en Italie, avec des centaines d’autres, dans le cadre de lois d’exception – lois « d’exception » qui n’ont cessé de leur être appliquées depuis – Marina a passé 8 années en détention préventive puis s’est réfugiée en France après les années 80. En effet, peu après son investiture, François Mitterrand avait accordé à quelques centaines d’Italiens - en pleine connaissance de la gravité des faits qui leur étaient reprochés et de façon indifférenciée les uns par rapport aux autres – un asile en France. Un asile « à l’abri de toute sanction par voie d’extradition » pour autant, évidemment, qu’ils aient « rompu avec la machine infernale dans laquelle ils s’étaient engagés » et renoncent définitivement à toute forme de violence. Ce qu’ils ont fait.
La parole donnée par le Président français d’alors a été respectée pendant 20 ans par les gouvernements qui se sont succédé dans notre pays et fut donc concrétisée par la régularisation administrative de tous les réfugiés italiens, la délivrance de cartes de séjour en bonne et due forme, et, partant, la reconstruction en France de la vie de ces réfugiés. Ainsi, Marina, arrivée en France en 1993 avec sa fille aînée, a eu une seconde fille âgée à ce jour de 10 ans et s’est investie depuis 15 ans dans son métier d’assistante sociale en mairie ou au sein d’associations.
Durant l’été 2002, la livraison à l’Italie de Paolo Persichetti réfugié en France depuis plus de dix années, puis, en 2004, l’accord donné par la France à l’extradition de Cesare Battisti ont brisé cette politique d’asile. C’est au tour de Marina d’être incarcérée. Si la justice française donne un avis favorable à son extradition, Marina encourt la prison à perpétuité en Italie, sans aucun recours, et cela pour des faits remontant à plus de 25 ans. Avec elle, actuellement, c’est une vingtaine de réfugié-e-s italien-ne-s qui vivent en France avec la même menace sur leurs vies et leurs destins.
Or, comme ses camarades réfugiés en France, Marina ne représente aucun danger car « les armes ont été rendues » voici bien longtemps. Alors, où donc est la paix qui normalement aurait dû suivre, où donc est la résolution politique que pratiquent toujours les Etats après des conflits violents ? En tant que femmes et féministes, nous avons à jouer notre rôle de « passerelles de paix » dans le règlement des conflits. En tant que femmes et féministes, nous pensons que celles et ceux qui ont, depuis des décennies, abandonné les combats violents doivent pouvoir connaître la paix.
L’asile concédé par la France pendant 20 ans a signifié le choix d’une politique d’apaisement, choix fondé sur le principe d’une amnistie de fait pour les délits anciens, à l’opposé d’une politique de la vengeance et de la punition sans fin. En tant que femmes, nous savons qu’après la fin d’un conflit meurtrier, le recours à la vengeance et à la destruction des vaincu-e-s ne ramène pas nos morts à la vie et qu’il entrave bien souvent le si difficile et si nécessaire travail de deuil.
Nous, femmes, demandons aux autorités françaises de respecter la parole et l’asile donnés par la France voici 25 ans. Nous demandons aux juges chargés d’émettre un avis sur l’extradition de Marina Petrella d’intégrer dans leur appréciation les éléments humains et politiques justifiant son maintien en France. Car prononcer comme acceptable l’extradition de Marina Petrella et des autres réfugié-e-s - et leur remise aux autorités italiennes - serait pour la France le recours à un « tout pénal » ne tenant aucun compte de l’écoulement du temps, de l’éloignement des faits et de leur contexte, de la réinsertion sociale incontestable de tous ces réfugié(e)s.
A l’appel du Collectif féministe de solidarité avec Marina Petrella,
Premières signataires : Collectif des Femmes en noir pour la Paix, Collectif féministe « Ruptures », Collectif national pour les droits des Femmes (CNDF), CADAC, femmes de l’Association des Tunisiens en France, association Pluri-elles Algérie, Commission Femmes de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), section française de l’Initiative Féministe pour une autre Europe (IFE-EFI), CIMADE Ile-de-France, Collectif Faty Koumba-Association des Libertés,