Vingt-cinq ans de prison. Une peine exemplaire. Il était urgent que la justice condamne enfin avec fermeté l’un de ces crimes sexistes. Il était urgent de signifier à la société, enfin révulsée par un meurtre particulièrement horrible, que le crime passionnel n’existe pas, il y a crime tout simplement. Mais l’écho médiatique donné à ce meurtre et l’émotion populaire ne doivent pas faire illusion : le sexisme, la domination qu’exercent tant d’hommes sur tant de femmes, à coup de violences physiques ou psychologiques, ne sont pas près de s’éteindre.
En France une femme meurt tous les quatre jours des coups portés par son partenaire, ou ex-partenaire. Quelques mois avant ce procès, à Neuilly sur Marne, une autre jeune fille a été également brûlée vive. Au cours même de ce procès, une femme est morte à Meaux, défenestrée par son ex-conjoint. Ce n’est pas réservé au climat machiste des banlieues dites "difficiles", où les inégalités et la précarité accentuent les tensions et les pressions des hommes sur les femmes, comme le drame de la cité d’Ivry peut le faire croire, mais dans toutes les couches sociales : a-t-on déjà oublié Marie Trintignant ?
Il est urgent que la société se regarde et se voit telle qu’elle est. Qu’elle cesse de banaliser la domination d’un sexe sur l’autre, l’intolérable prise de possession des hommes sur les femmes, manifeste à travers tant de violences et de discriminations. La répression ne suffit pas. Elle n’est même qu’un pis aller. Il faut prendre le mal à la racine, par une sérieuse politique de sensibilisation et de prévention. Il faut des mesures de protection efficaces pour les victimes de violence, pour leur sécurité, mais également pour leur réinsertion souvent difficile. Enfin, il faut un suivi sérieux des hommes violents.
Le Collectif national pour les droits des femmes exige une loi cadre contre les violences de genre, sur le modèle de la loi que l’Espagne a promulguée. Et
des moyens ensuite pour l’appliquer. La question des violences sexistes est une
question éminemment politique.