Dans le grand « projet » du Front National, d’abord : bien qu’il fasse plus d’une centaine de pages, les femmes sont peu mentionnées. On leur fait une place minime, sous le chapitre « famille ». Une femme n’existe donc, selon Marine Le Pen et ses sympathisants, que par le biais de son utérus et sa capacité à procréer ?
Dans leur bouche, les femmes deviennent des objets, avec un seul objectif : enfanter. De plus, est-il nécessaire de rappeler que sous le terme de « famille » le FN entend évidemment couple hétérosexuel et marié ? Couple homoparental, monoparentalité, divorce et séparation sont cités, mais comme exemples de situations problématiques à régler et non pas comme évolution normale de la famille au XXIème siècle.
La création d’un revenu parental ou la revalorisation des allocations familiales, versées uniquement aux familles dont au moins un des parents est français, sont autant de propositions nauséabondes que l’on peut lire dans ce projet : on le sait, par revenu parental, elle entend en fait « revenu maternel » qui obligerait les femmes à choisir entre vie professionnelle et rester à la maison.
Marine Le Pen, égérie du Front National, entretient l’image d’une femme qui n’existe plus, et qui n’a jamais vraiment existé. Pas de place pour les lesbiennes, pour les salariées, les étudiantes, ou les célibataires... Et que dire de la référence sournoise à l’immigration ?
Dans le programme des élections européennes, pas une seule fois la cause des femmes n’est abordée. L’étonnement est alors moindre lorsqu’on apprend, à peine 24h après l’annonce des résultats qu’une eurodéputée FN a été contrainte de démissionner pour laisser sa place à un homme. Au pays du Front National, la parité ne dure que le temps des scrutins. Cette sanction sexiste tombe sans doute sous le sens, pour une dirigeante politique qui prônait déjà lors des élections présidentielles de 2012 la complémentarité entre les femmes et les hommes et qui ne croit pas à la nécessité d’imposer la parité. Cette loi lui paraît en contradiction avec la « méritocratie » : si 75% des individus qui occupent des emplois à bas salaire sont des femmes, c’est parce qu’elles ont moins de mérite que les hommes ?
Pourtant, Marine Le Pen n’a de cesse de rappeler qu’elle est femme, mère, moderne (car divorcée) et qu’elle défend avec ferveur les droits des femmes. Il suffit pourtant de regarder les quelques thématiques abordées au nom des « droits des femmes » pour comprendre que Marine Le Pen est loin d’être féministe.
Ce qui ne l’empêche pas de prendre en otage la défense des droits des femmes... pour mieux tacler l’immigration et « les étrangers » : en effet, d’après la présidente du FN c’est bien l’immigration qui détruit les droits des femmes. La montée de l’immigration n’a d’égale que la montée de l’insécurité pour les femmes. Bien sûr, encore une fois, Marine Le Pen se garde bien d’avancer toutes preuves de ce qu’elle affirme...
Mais le thème le plus révélateur est sans doute l’IVG. Marine Le Pen et son parti prônent le déremboursement des avortements « de confort » et « le droit des femmes à ne pas avorter », laissant ainsi sous-entendre que toute femme est obligée par la loi à en passer par là. Elle souhaite aussi faire reconnaître l’adoption prénatale, qui donnerai un statut à l’embryon et remettrait en cause l’avortement.
Décidément, il est difficile d’apercevoir, dans ce flot de propositions une seule idée en faveur des droits des femmes.
Références :
http://www.mediapart.fr/journal/france/080212/14-le-fn-et-la-place-des-femmes : Le FN et la place des femmes, Médiapart février 2012
http://www.frontnational.com/le-projet-de-marine-le-pen/, Le projet du Front National
http://www.lepoint.fr/politique/marine-le-pen-le-droit-des-femmes-recule-a-cause-d-une-immigration-massive-02-12-2012-1536975_20.php Le Point décembre 2012
Marine Le Pen : le droit des femmes recule à cause d’une "immigration massive"